Oui, quand on a vécu un ou plusieurs traumas et accidents de la vie, il convient d’avoir mené un processus de résilience pour atteindre la liberté et le sentiment de vivre sa vie.
Depuis quelques jours, deux mots résonnent en moi : liberté et résilience. Quels liens se tissent entre eux ? Peut-on vivre l’un sans l’autre ? Faut-il atteindre l’état de résilience pour être vivre librement ? Autant de questions pragmatiques que philosophiques. Pragmatiques, car elles touchent à sensible sujet : « me sentir mieux dans ma vie ». Philosophiques, dans le sens où elles concernent un choix de pensées et d’un point de vue sur ce que sont la liberté et la vie.
Voici une confidence : l’association de ces deux mots, liberté et résilience, a été d’abord été une surprise. Elle est une évidence aujourd’hui. Elle a été pointée par mon amie Pascale Pitavy, une formidable sophrologue que je vous recommande pour son humanité et son professionnalisme. Et j’ose prolonger ici, par ce texte exploratoire, l’échange que nous avons entamé.
Ici, commence l’exploration du lien entre liberté, trauma et résilience…
Et si nous commencions cette exploration par la définition de la résilience. Le dictionnaire Le Robert souligne qu’en psychologie, la résilience est la « capacité à surmonter les chocs traumatiques », le traumatisme étant une lésion physique ou psychique résultant d’une action extérieure (l’impact). Selon Boris Cyrulnik, célèbre neuropsychiatre et psychanalyste français, la résilience « désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d’adversité » (Le Monde de l’éducation, mai 2001).
Le concept de résilience se positionne donc autour de l’existence d’un trauma pour la personne. Celui-ci peut être lié à un ou plusieurs événements : violences psychiques ou physiques, agressions sexuelles, décès d’un proche, annonces ou traitements d’une maladie, accidents de la route ou autre, harcèlements… Le trauma peut être un événement unique et court, ou répété dans le temps. Les traumas peuvent être anciens ou récents, se cumuler également.
Et qu’est-ce la liberté ? C’est « l’état de celui, de ce qui n’est pas soumis à une ou des contrainte(s) externe(s) », selon la définition du CNRTL. Selon Le Robert, c’est la « situation d’une personne qui n’est pas sous la dépendance de quelqu’un ou qui n’est pas enfermée » et c’est la « possibilité, pouvoir d’agir sans contrainte ».
Avoir vécu un trauma réduit notre liberté
La phrase est puissante : un traumatisme réduit la liberté de la personne qui le subit. Il convient de le reconnaître : un accident de la vie traumatique aliène nos pensées, nos comportements. Il les régit bien souvent en nous imposant ses règles, en surgissant ici et là en nous de façon consciente ou inconsciente. Le souvenir du choc toujours présent, une émotion difficile qui nous parasite, l’image d’un protagoniste de l’événement qui s’interpose dans notre vie au présent.
Ainsi le trauma nous prive-t-il d’une partie de nous, d’une partie de notre liberté d’être, de penser, de dire, d’agir, de notre libre-arbitre. D’une partie seulement ou, plus encore, de toute notre liberté ? Car sommes-nous libre dès lors qu’il nous manque une partie de notre liberté ? Un vaste sujet…
Naturellement, il existe des accidents de la vie et des traumas plus ou moins impactants, dont chaque personne va se remettre ou ne pas se remettre de façon différente. Et l’impact sur la liberté de la personne sera tout aussi différent selon chaque situation, chaque personne.
En transformant l’impact du trauma, la résilience permet de s’en libérer
En nous permettant de surmonter les chocs traumatiques, le processus de résilience nous sort de l’aliénation au trauma et à ses protagonistes, à notre passé si difficile et douloureux. Il nous ouvre les porte de la liberté. Liberté avec un grand L. Tout cela prend souvent du temps. Il convient de le souligner.
Plus précisément, la résilience transforme les effets du trauma vécu dans une double dimension temporelle, le passé et le présent. D’une part, elle donne la possibilité de se libérer de son passé traumatique (souvenirs, résurgences…), en allégeant le poids de celui-ci. D’autre part, elle offre la capacité de nous libérer de l’impact du traumatisme encore bien présent dans notre vie sous différentes formes qui nous limitent aujourd’hui encore (croyances parasites, contraintes, injonctions, attitudes paradoxales…). Ces deux dimensions sont très liées et sont, naturellement, les deux faces d’une même pièce.
Le liberté : c’est retrouver la vie !
Lors de notre discussion, Pascale Pitavy a porté une autre expression que j’ai beaucoup aimée : « Se remettre dans la vie ». Et si la résilience était la capacité à nous remettre dans la vie, à reprendre les rênes de notre vie en larguant les amarres avec le trauma, avec cet accident insupportable, avec l’agresseur, avec ses complices explicites ou tacites, avec les multiples sentiments et émotions que nous pouvons avoir : culpabilité, envie de vengeance, colère, abattement, sensation d’injustice…
Trouver la liberté par la résilience signifie sortir d’un sentiment d’impuissance ou, inversement, de toute puissance par rapport à l’auteur de l’accident, aux autres protagonistes, à notre entourage manquant de bienveillance et de justesse. C’est également sortir d’une attention capturée par le trauma. Autrement dit, de sortir d’un état de soumission à une contrainte externe que nous avons intériorisée suite au choc traumatique.
Ainsi la résilience permet-elle de se libérer de la confrontation douloureuse au passé, à ce qui aurait pu être autrement, du besoin de vengeance ou de honte… Et de se libérer du sentiment d’être empêché d’être, de dire, de faire, de vivre.
Cet état est atteint quand le souvenir de l’accident et de ses protagonistes ne s’interpose plus entre moi et ma vie aujourd’hui, entre moi et la personne que j’aime, entre moi et tous ceux que j’aime ; quand je suis libéré des angoisses, des colères et des tristesses le soir, au moment de trouver le sommeil et plus tard dans la nuit noire.
Oui, le chemin de la résilience humaine permet de devenir libre avec les vivants, les absents, les morts. Avec nous-même.
Avancer sur le chemin de la résilience nécessite de nous offrir la liberté de relativiser ce qui s’est passé sans nier, sans effacer, sans s’effacer… Que le souvenir du trauma devienne diffus et imprécis, laissant la douleur profonde s’évaporer telle l’eau bouillante qui devient nuage léger. Une étape pas toujours facile à franchir.
La liberté de vivre une nouvelle vie qui n’est pas celle d’avant
Toutefois, la liberté n’est pas de revenir comme avant. Nous ne pouvons pas remonter le temps ! Dans le processus de résilience, il s’agit de vivre notre vie avec la nouvelle donne, un nouvel équilibre, avec ce que nous sommes aujourd’hui dans toutes nos dimensions et nos capacités (physiques, psychiques, cognitives), celles-ci ayant pu être altérées ou modifiées par le choc traumatique. Il s’agit par exemple de retrouver un sentiment d’intégrité et de respect de notre corps qui a pu être maltraité ou souillé. Cette nouvelle vie peut aussi laisser émerger des changements profonds avec de nouvelles valeurs, un nouveau sens de la vie. Le plus important est désormais différent.
Les deux niveaux de liberté
Si notre vie a été heurtée par un trauma, je pense que vivre un processus de résilience est une condition pour (re)trouver la liberté. Je mouille ma chemise en écrivant cela ! Cette liberté a deux niveaux distincts. Le premier est de « ressentir la liberté ». Il s’agit d’une sensation intérieure, d’un sentiment, d’une croyance. Il apporte du bien-être, un sentiment de contentement, une émotion joyeuse. Nous sommes ici dans le registre cognitif (les pensées) mais aussi corporel : le corps relâche les tensions musculaires, la somatisation comme les troubles du sommeil peuvent s’alléger.
Le second niveau de liberté est la possibilité d’agir librement, de mener les actions ou de dire ce que nous souhaitons, à notre façon, tout en respectant notre environnement. Nous sommes là dans les comportements extérieurs.
Atteindre ces deux niveaux de résilience peut, nous l’avons dit, prendre du temps. Le processus est souvent progressif et peut emprunter différents chemins parfois complémentaires : psychothérapie, hypnose ou EMDR, sophrologie, méditation, yoga, sport, danse, art-thérapie, etc. Le chemin de la résilience peut nécessiter d’avoir un espace pour travailler le trauma et tourner la page de son impact difficile, un lieu où nous pouvons nous exprimer librement.
La résilience ne fait pas tout !
Néanmoins, atteindre la résilience n’est pas une condition suffisante pour vivre librement. Pour une raison simple : tout ce qui nous empêche et entrave notre liberté n’est pas lié au trauma. Bien d’autres limites indépendantes du trauma existent. Je pense notamment aux règles sociales et aux injonctions que nous avons intégrées depuis notre tendre enfance. Rendons ici hommage au concept des drivers, issus de l’Analyse transactionnelle. Il s’agit des cinq messages contraignants que nous pouvons avoir intériorisés depuis l’enfance : Sois parfait, fais plaisir, Sois fort, Dépêche-toi, Fais effort.
A cela s’ajoutent les limites posées à notre liberté par la loi ou encore notre compte en banque ! Sans oublier nos limites physiques, cognitives, psychiques, notre personnalité…
Bref, même sans avoir vécu un trauma, il existe de nombreuses limites à notre liberté. Cependant, la résilience permet déjà de gagner la liberté par rapport à nos accidents de la vie et leurs impacts.
Sylvain Seyrig, coach professionnel à Paris
Article écrit sans aucune utilisation de ChatGPT
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