Au-delà des repères traditionnels sur la résilience, Benjamin Krebs nous offre un autre regard sur ce sujet avec son œuvre en bois, mobile, suspendue dénommée Fibres.

Photographe, scénographe, artiste, Benjamin Krebs navigue entre les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime. Surtout, il a une âme de poète. Et pour être dans la confidence, il est également un grand ami. Voici plusieurs mois, nous avons discuté ensemble d’un sujet qui nous touche l’un et l’autre : la résilience humaine. Autrement dit, les chemins de la survivance des êtres. Quelques jours après cet échange riche, je recevais par mail deux photos relativement mystérieuses. L’une et l’autre représentaient l’installation que vous découvrez dans cet article : un ensemble d’œuvres (mobiles en bois) où la résilience prend formes, qu’il a exposé pour la première fois au sein d’un collectif d’artistes.

Seuls quelques mots accompagnaient ces deux photos : « Bon gré, malgré (installation). Des éléments de bois tordus, soutenus, en suspens… nous racontent… Brassés dans les courants et les énergies contraires avec souplesse et force, ténacité et légèreté, insouciance et tension, nous tenons. Où il est ici question de résilience. »

Fibres. Crédit photo : Benjamin Krebs

Ces deux photos et ces quelques lignes m’ont apporté un autre point de vue et de nouvelles questions sur la résilience, venant enrichir le travail que je mène sur ce sujet depuis deux ans à travers notamment la rédaction d’articles et la conception d’un atelier collectif à la Ligue contre le cancer de Paris, avec Annick Dulion, coach en rétablissement de santé.

Plusieurs mois après avoir reçu ces deux photos, je ne les ai pas oubliées. Elles sont là, dans ma mémoire, générant toujours une curiosité, une envie de comprendre. Et c’est ainsi que, ces derniers jours, j’ai sollicité Benjamin Krebs pour qu’il m’adresse davantage de photos de son installation et un texte qui lève le voile sur la résilience. C’est ce texte que j’ai l’honneur de vous présenter ci-dessous.

Les Fibres de la résilience, par Benjamin Krebs

« Je parle de résilience, en effet. C’est ce que j’ai finalement compris dans ce qui m’avait touché chez ces êtres, ces hêtres ! En fait, ces planches sont en bois de peuplier.

Ces bêtes planches, coupées pour couvrir un mur, ont réagi à cette condition imposée. Elles se sont déformées à tel point que seul un usage individuel, adapté, bienveillant pouvait les garder dans leur entité.

Ce n’est qu’avec près de dix ans de recul que j’ai compris mon rapport avec elles.

Je les ai donc appelé Fibres.

Dix années de changements radicaux dans ma vie. De repères disparus, de repères dont la lecture se modifie, de remises en question. Ah oui, de « re-père disparu », bien sûr !

Et au cours de l’exposition, des visiteurs s’étonnaient « Mais vous n’êtes pas photographe ? », en référence à l’expo de l’année dernière.

Oui, mais ces photos de l’expo précédente parlaient de la même chose. Encadrées et entourée de blanc, des photographies de solitude très proche de la peinture (Sa peinture ? Mon père était peintre). Et, sur papier glacé, sans cadre, en suspens sur le mur, des images de chaos, de colère, de douleur.

Ces Fibres en suspens, dont la présence reste modifiable selon leur système d’accrochage, en sont probablement la synthèse… Et pourtant, elles viennent avant dans le processus de création… mais pas dans celui de la compréhension de l’œuvre.

J’ai toujours photographié ou travaillé ces bois pour qu’ils deviennent Fibres, pour apaiser mon âme. Je ne cherche pas à exposer mon âme et donc ce travail. Mais ce collectif fait partie de cette « famille » bien plus vitale que celle officielle qu’on nous dit si importante. Il m’a été évident de les montrer avec elle. »

Fibres. Crédit photo : Benjamin Krebs
Site internet de Benjamin Krebs
https://benjaminkrebs-photographe.com

Sylvain Seyrig, coach professionnel à Paris

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