Egalement nommés sentiments rackets, les sentiments parasites sont un concept de l’Analyse transactionnelle qui permet de mieux gérer les émotions envahissantes et les sentiments difficiles. Il a été développé par le Dr Eric Bern, formidable psychiatre américain. Voici leur définition et leur mode de fonctionnement…

Si vous êtes souvent envahi par des émotions et des sentiments difficiles, peut-être êtes-vous victime de ce que l’on appelle les « sentiments parasites » ou « sentiments rackets ». Pour le savoir, commençons par une question : mes sentiments et mes émotions sont-ils justes et légitimes ? Si je ressens une forte colère ou frustration, un réel sentiment de honte, une profonde douleur ou tristesse, une grande confusion… Bref, si je ressens un sentiment (ou une émotion) envahissant, désagréable et difficile à supporter, l’une des premières question à me poser est : ce sentiment est-il fréquent ou régulier ? ?Si tel est le cas, il convient sans doute de distinguer les « sentiments authentiques » des « sentiments parasites ou rackets », mis en lumière par Eric Berne et l’Analyse transactionnelle.

Les sentiments parasites sont inappropriés

En fait, tous les sentiments que l’on ressent ne sont pas en lien direct avec la situation réelle et objective vécue par la personne. Dans le cas où ils ne sont pas en lien, ce sont des sentiments parasites. Il s’agit de sentiments de substitution qui sont le plus souvent des sentiments réflexes acquis et encouragés dans l’enfance, vécus et répétés dans de nombreuses situations de stress. Ces sentiments parasites sont des répétitions avec une caractéristique claire : ils sont inappropriés ou excessifs au regard de la situation présente dès lors que l’on veut résoudre celle-ci avec un regard adulte.

Ces sentiments rackets masquent les sentiments authentiques, comme si ceux-ci étaient mis au placard. Par exemple, au lieu de ressentir de la joie si un proche réussit quelque chose, je vais ressentir de la jalousie. Autre exemple : si l’on me fait une remarque, je vais me sentir agressé et me mettre systématiquement en position de victime (cf le Triangle de Karpman). Ces sentiments parasites « rackettent » dans le sens où ils permettent d’obtenir un avantage et des signes de reconnaissance. Par exemple, si mon sentiment racket est la tristesse, je vais être consolé. Si mon sentiment racket est la colère, les autres vont céder à mes désidérata et caprices. Si je suis jaloux, ma compagne va me prouver sa fidélité par des signes d’amour.

Autrement dit, le sentiment racket a un double effet manipulatoire. D’une part, il détourne la personne de ses sentiments authentiques. D’autre part, il manipule l’entourage pour le rendre inquiet, pour l’émouvoir… Et ainsi obtenir des signes de reconnaissance (on me rassure, on me cajole…).?

Les sentiments parasites se répètent quelque soit la situation

Comment distinguer un sentiment racket d’un sentiment authentique ? Le sentiment parasite est stéréotypé et donc superficiel, quelque soit le contexte ou le fait déclencheur. Il est également répétitif : c’est toujours le même scénario ou presque qui se répète dans des contextes très différents. On ressent la même émotion : colère, peur, tristesse… On peut également ressentir le même sentiment : honte, rejet…

Au premier regard, celle ou celui qui vit le sentiment parasite le vit pleinement, tout autant que si c’était un sentiment authentique. Ce sentiment est pour elle ou pour lui tout aussi est vrai, car tout autant ressenti.

Prendre du recul et de la hauteur

Le premier pas pour sortir de ces sentiments parasites est d’en prendre conscience, de réaliser que les ressentis au présent ne sont pas liés à la « situation réelle » mais sont une répétition stéréotypée calquée. Et de ce fait, ce ressenti est inapproprié et peut être écarté au profit de sentiments directement et véritablement liés à la situation, avec un comportement plus justement adapté à la situation présente. L’idée est ainsi de revenir à la situation présente en prenant de la hauteur et du recul, quitte à appuyer sur « pause » pour différer sa réaction.

C’est notamment cette prise de hauteur qui va nous permettre de mieux gérer les conflit avec une communication non violente.

Sylvain Seyrig, coach professionnel à Paris

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